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Travailler avec la forêt – Louis Constantin
2 septembre 2024
Depuis plus de deux ans, Louis est technicien-forestier de l’Office National des Forêts (ONF) pour Val d’Isère. Un quotidien au grand air, au carrefour d’enjeux multiples.
En tant qu’employé de l’ONF, Louis est garant de la conservation et de la gestion durable de 2000 hectares de forêts de Haute-Tarentaise qui lui sont confiés, dont 356 hectares pour la forêt de Val d’Isère. Ses missions sont nombreuses. Si son quotidien varie en fonction des saisons, une chose est sûre : il a toujours un pied dehors ! Lors de sorties sur le terrain, il prépare les travaux sylvicoles et de génie végétale, réalise des actions de gestion forestière (en intervenant pour favoriser la croissance des arbres par exemple), ou observe comment évoluent les forêts face aux changements climatique ainsi que leur « bonne santé ». Il faut être attentif au moindre signe avant-coureur de troublent, pour pouvoir réagir et éviter que de petits désagréments ne prennent de l’ampleur. Il faut par exemple canaliser la création de sentes afin de limiter l’érosion, repérer le développement excessif des organismes néfastes pour les forêts…
Au bureau, Louis reporte ses observations sur divers logiciels techniques, de sorte à réaliser un suivi et faciliter la gestion forestière. Il échange également avec les différents acteurs du territoires – élus locaux, agents du Parc National de la Vanoise, chasseurs, offices de tourismes, associations environnementales…- pour faire le lien entre les intérêts et besoins de chacun. Il est également amené à dialoguer avec le public lors d’animations de découverte du milieu forestier, comme cela a été le cas durant la semaine « Naturons nous ! ».
Technicien forestier en station de ski
Travailler sur un domaine forestier de montagne, et encore plus en station de ski, donne une toute autre dimension au métier. A l’aspect environnemental viennent se mêler économie et politique, et la forêt se trouve plus qu’ailleurs au cœur d’intérêts variés et parfois contraires. Il faut donc trouver un équilibre dans la gestion et l’utilisation de la forêt. A Val d’Isère, les deux rôles principaux de la forêt sont la protection contre les risques naturels et l’accueil du public. Policier de l’environnement, Louis veille à ce que l’utilisation récréative de la forêt, enjeu majeur pour le développement du tourisme d’été, ne se fasse pas aux dépends de sa santé et de la biodiversité locale. Dans la forêt des Sources, qui possède un écosystème particulier avec des plantes protégées, il doit par exemple trouver des solutions en concertation avec d’autres acteurs du territoire pour éviter que le passage des VTT ne cause de l’érosion.
Un métier qui se conjugue au futur
Il est important de préserver la forêt car elle constitue un écosystème riche, important pour la biodiversité et la sécurité du village et des activités humaines. Le taux de dépérissement de la forêt causé par le changement climatique augmente chaque année : il faut trouver un juste milieu pour permettre au grand public de profiter de la forêt tout en limitant l’impact humain, de façon à permettre la résistance (=capacité à résister à un accident climatique ou autres) et la résilience (=capacité à se remettre d’une perturbation par la cicatrisation de l’écosystème forestier) de la forêt.
L’échelle de temps de la forêt n’est pas le même que celle des humains, l’adaptation des forêts aux changements peut mettre des années à apparaître. Être technicien forestier demande donc toujours de se projeter le plus loin possible dans le futur, en essayant d’anticiper les différents paramètres qui peuvent influer sur cette évolution forestière : changement climatique, évolution des rôles de la forêts, gestion du milieu… Le cœur du travail est donc un pari sur l’avenir : on sait ce qu’on veut pour la forêt, mais comment le mettre en place ? Doit-on accélérer le renouvellement des essences autochtones d’arbres, planter des essences allochtones… ? Quelles actions pourraient fonctionner et quelles actions s’avèreront contre-productives à court et long termes ? L’ONF étant gestionnaire des forêts, ces réflexions sont réalisées conjointement avec les communes qui en sont les propriétaires, et qui ont donc le dernier mot sur les actions réalisées. Parmi les points de vigilance, une attention particulière est portée à ce qu’une forêt ait des arbres d’âges variés, de façon à limiter les mouvements de gravités (chute de blocs, chute de neige…) et de manière à être plus résistante, plus résiliente, et donc in fine plus capable d’assurer la sécurité humaine ainsi que l’accueille de la biodiversité.
Les projets actuels pour la forêt de Val d’Isère
Sur le territoire avalin, il est important d’améliorer l’accès à la nature pour l’accueil du grand public. C’est un travail de longue haleine qui implique de valoriser ce qui s’y trouve et de faire que les gens se l’approprie, tout en canalisant les flux des promeneurs. Le premier objectif est de préserver la pérennité et la santé de la forêt. Le rôle de Louis est ainsi d’accompagner son évolution en lui donnant des coups de pouce pour lui permettre de s’adapter le plus facilement possible au changement climatique.
Crédit photo : Anna Cantu