Ce qu’ils en disent : Bernard, habitant de Val d’Isère

Avant, il n’y avait pas d’école maternelle, on faisait notre école nous-même, dans les prés ! On commençait la classe quand on était plus grand, vers 7 ans. La classe avait lieu dans une épicerie désaffectée, anciennement chez M. Bonnevie : il y avait des trous dans le plancher, durant les tempêtes la neige rentrait dans la classe… L’école a changé plusieurs fois d’endroits.

 

La cantine n’existait pas : on revenait manger à la maison tous les midis. Pour les enfants du village, peu importe qu’il pleuve, qu’il y ait de la neige, de la tempête, on allait à l’école. C’était normal pour nous, on était « fait » pour ça ! Sauf quand il y a eu les inondations en 57, et que le village a été ravagé : là quand même on n’a pas eu école pendant longtemps ! Les gamins des hameaux, eux, manquaient la classe quand il faisait trop mauvais. A partir d’une époque, il y avait un train rouge, un petit fourgon conduit par des habitants du village, qui allait les chercher à la Daille et du Fornet. L’école était plus difficile car au quotidien, ils parlaient le patois, alors qu’à l’école, on devait parler français. On s’apprenait entre nous, et grâce à eux je comprends le patois !

 

Il n’y avait pas encore grand-chose à Val d’Isère, le village était tout petit, alors on n’était pas beaucoup à l’école. Je me rappelle d’une institutrice, Madame Sabatier, elle avait du mal à nous tenir. On avait des professeurs passionnés, ça devait être difficile pour eux. Quand on partait en récréation, fallait nous surveiller sinon on ne revenait pas ! On partait dans les prés, on faisait des cabanes… On s’en fichait de l’école. Certaines choses nous intéressaient, mais on commençait l’école tellement tard qu’on avait du mal à y rester. On était attaché à la notion de liberté, alors on faisait beaucoup l’école buissonnière.

 

Tout ça, ça ne nous a pas empêché d’être très bien éduqué. On sait tous lire, écrire, et sans fautes ! Le niveau était assez élevé. Une fois arrivé au certificat d’étude, on avait des connaissances générales importantes en histoire, en géographie, en instruction civique… L’école nous apprenait à être plus patriote (on allait au drapeau, on chantait la marseillaise…) et l’enseignement religieux n’était pas toujours bien séparé. Comme on était juste à côté de l’église, le curé venait nous chercher directement en classe pour aller au catéchisme par exemple.

 

L’école reste un bon souvenir, quand on y allait on s’amusait alors on était quand même content. L’enfance à Val c’était réel, sans triche, naturel. Ça nous a forgé : quand on est un gamin de Val d’Isère, on le reste.