Blaise Agresti – Expert du secours en montagne et gestion des crises

L’évolution du secours en montagne reflète une professionnalisation toujours plus pointue, avec des défis organisationnels, technologiques et environnementaux croissants.

 

L’évolution du secours en montagne : de l’improvisation à la professionnalisation

Le secours en montagne est une pratique ancienne qui remonte à la fin du XVIIIe siècle, avec l’ascension historique du Mont Blanc en 1786. Pourtant, ce n’est qu’à partir de 1820, avec le Drame du Dr Hamel, que des mesures ont commencé à être mises en place pour structurer cette activité. En 1800, la première société de secours bénévole est créée, mais jusqu’au milieu du XXe siècle, les secours en montagne restent essentiellement assurés par des volontaires ou des associations locales.

Le tournant décisif survient avec le drame de 1956, connu sous le nom de l’Affaire Vincendon et Henry, où deux jeunes alpinistes périrent dans des conditions extrêmes. Cet événement a souligné les limites d’une organisation basée sur le volontariat et a précipité la professionnalisation du secours en montagne, qui a véritablement commencé entre 1957 et 1958.

 

La loi Montagne de 1985 : une nouvelle ère pour le secours

Un autre jalon clé de cette professionnalisation est la loi Montagne de 1985, qui a introduit une distinction essentielle : les secours en montagne non aménagée restent gratuits, tandis que ceux effectués sur les pistes aménagées des stations peuvent être facturés par les collectivités locales. Cette évolution a permis de clarifier les responsabilités et de structurer deux espaces de travail : celui de l’État, avec les pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et les CRS, et celui des régies locales, comme celle de Val d’Isère, en charge des secours sur pistes.

 

Les défis futurs pour le secours en montagne

  1. Défis d’organisation : Selon lui, il y a une redondance de coûts et de moyens entre les différents acteurs du secours (pisteurs, pompiers, CRS, etc.) pour une mission de niche. Il appelle à la création d’un service étatique ou paraétatique, plus efficace pour répondre à ces besoins spécifiques, au lieu de disperser les ressources.
  2. Changement climatique : Les crues torrentielles, les périodes de redoux en plein hiver et d’autres phénomènes météorologiques imprévisibles compliquent la gestion des risques. Cela crée de nouveaux dangers, notamment des avalanches et des glissements de terrain.
  3. Densification de l’urbanisme : L’expansion des infrastructures en montagne accroît la complexité des opérations de secours, nécessitant une meilleure coordination entre les différents services.
  4. L’ère du risque multiple et combinatoire : Nous sommes entrés dans une ère où plusieurs risques se combinent, ce qui rend les interventions plus difficiles. Les événements climatiques extrêmes et les crises complexes nécessitent de nouvelles stratégies de gestion.
  5. Potentialité de crise grandissante : Blaise Agresti estime que la fréquence et la gravité des crises sont en augmentation par rapport à il y a 15 ou 20 ans, ce qui pousse les services de secours à constamment innover pour rester efficaces.

 

Les avancées technologiques : un levier indispensable

Les avancées technologiques jouent un rôle crucial dans le métier de pisteur-secouriste. L’utilisation croissante de drones et de systèmes de localisation permet aujourd’hui d’améliorer la rapidité et la précision des opérations de sauvetage, notamment pour la recherche de personnes disparues. Cependant, ces innovations s’accompagnent d’un nouveau défi : la gestion des contentieux. De plus en plus, les usagers n’hésitent pas à remettre en question les interventions des services de secours, exigeant toujours plus d’efficacité et de réactivité.