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Ce qu’ils en disent : retrouvez les témoignages en intégralité
2 janvier 2024
Tiphaine Duperier – Guide de haute montagne
« Si l’on considère l’écologie au sens courant du terme, cette pensée vise à améliorer l’équilibre entre les humains et leur environnement naturel, ainsi qu’à sa protection. Instinctivement, je me sens proche de cette façon de penser et d’agir. Mon coeur de métier, ma passion est directement liée à notre environnement et donc s’investir dans sa protection est un enjeu primordial. Pour essayer de m’investir au quotidien dans cette protection, je me suis orientée sur ma façon de consommer : local, responsable, avec le moins d’emballages possible. Ma marge de manœuvre est réduite car mon plus gros investissement serait de réduire mes déplacements mais en étant Guide de Haute Montagne, j’avoue que la situation est compliquée.
Cette question soulève de nombreuses contradictions : comment concilier tourisme et protection de l’environnement ? Je me déplace pour mon travail et en habitant au Villaret du Nial, il est difficile de franchement réduire ses trajets. Je vis grâce au tourisme et ce secteur est responsable de 11% des émissions de gaz à effet de serre*, et ces émissions contribuent au réchauffement climatique et par conséquent au manque de neige, qui menace mon travail. Ce que l’on sait aussi, c’est que ces émissions sont principalement liées au transport des personnes jusque nos stations (57%*). Si l’on se réfère aux statistiques, 31%** des GES (gaz à effet de serre) proviennent du secteur des transports, dont plus de la moitié provient des véhicules particuliers. C’est un bon début, car le domaine d’action est ciblé !
Pour pouvoir avoir un impact concret sur ces émissions et ainsi trouver un équilibre avec notre environnement, c’est notre tissu économique qu’il faut revoir. Pour limiter les déplacements, il faudrait pouvoir faire ses courses sur place, que la majorité des acteurs locaux puissent se loger sur place, que les transports en communs soient développés. Il appartient maintenant aux communes de montagne de maintenir ses habitants au cœur des stations, car écologiquement et socialement l’enjeu est majeur. »
*Source : Ademe “Bilan des émissions de GES du secteur du tourisme en France” avril 2021 – données 2018, groupe-ecomedia.com
**Source : CITEPA, rapport Secten 2020, notre-environnement.gouv.fr »
André Legrand, habitant de Val d’Isère
« Le développement durable est un sujet important, mais attention, il y a du bon et du mauvais dans ce qu’on fait avec. Faire des aménagements si c’est bien fait, oui, mais si c’est « ni fait ni à faire », à quoi bon dépenser autant ? Les travaux du Prariond par exemple : oui la route a changé, c’est mieux pour rouler, mais qu’en est-il des bus qui peuvent à peine s’arrêter à l’arrêt ? Et un peu moins de béton, ça ne ferait pas de mal. Bref, c’est bien d’évoluer mais l’important c’est de ne pas dénaturer la station et de préserver la nature. J’adore la pêche, je vais souvent pêcher au niveau du barrage et je vois que les gens sont dégueulasses. Il n’y a aucun respect. J’ai vu une fois un camion s’arrêter et balancer tout son chargement dans le barrage : qu’est-ce qu’on peut faire face à ça ? Je veux bien agir plus, mais il faut avoir les moyens. On nous parle de trier les restes de légumes : je veux bien moi, mais à l’intérieur d’un logement ce n’est pas possible.
Évidemment je m’inquiète pour l’avenir et mes enfants. Je suis preneur de faire mais il faut penser à des solutions plus collectives. Val d’Isère est mon village, c’est un endroit agréable à vivre, et les touristes ne me dérangent pas : ils permettent de mettre l’ambiance aussi. Il ne faut pas penser qu’à soi : favorisons plutôt d’avoir l’esprit large. »
Léa et Louis, 10 ans
Nous sommes allées à la rencontre de Léa et Louis pour recueillir leur avis sur la nature, ce qu’ils aiment y faire, leur vision du village et de la vie à la montagne. Un échange dynamique durant lequel les réponses ont fusées !
« Dans la nature, j’observe, je regarde les animaux : les aigles, les marmottes… » explique Léa ; « je me balade dans la montagne et je fais des cabanes » décrit Louis.
Est-ce que c’est important pour vous de préserver la nature ? Les deux acquiescent aussitôt sans hésiter.
Léa rajoute : « Les animaux peuvent faire pleins de choses comme les humains. Ils travaillent aussi, pas au boulot comme nous, mais ils cherchent de la nourriture, comment s’abriter… S’il n’y avait pas d’animaux sur terre, on ne serait pas là. »
Louis : « Je suis contente d’être à Val d’Isère plutôt qu’à la ville. Ici, il y a de la montagne, de la végétation, du calme. En ville, les grands bâtiments remplacent les montagnes. »
Léa : « J’aime l’altitude, m’échapper, voir d’autres choses. Ce sont toujours les mêmes immeubles en ville. A la montagne, c’est différent, ça change tous les jours ! »
Louis : « Pour moi, la chose la plus importante à protéger, c’est la station de ski. J’aime bien skier, et puis ça attire les touristes et ça permet de rencontrer du monde. Grâce aux cours de ski, j’ai rencontré des enfants qui viennent d’autres endroits de France et on est devenu copains. »
Léa : « Moi, j’ai envie de garder les animaux, ceux de compagnie et ceux qui vivent dehors, de pouvoir cueillir des fruits dans la nature, ramasser des objets… car tout ça, ça fait du bien et ça aide à être de bonne humeur. »
Quant aux idées de choses à changer, ils ont leurs idées aussi.
Louis : « J’aimerais moins d’immeubles, plus de chalets comme avant. »
Léa : « Oui, les travaux aussi il y en a de plus en plus, donc plus de maisons. On est de plus en plus serrés et on a moins d’espaces pour se déplacer. On doit s’entretenir les uns les autres et soigner la nature, faire attention à ne pas jeter de déchets ou de mégots.
Louis : « Il faut arrêter de casser la montagne pour faire des habitations. Faisons plutôt des sentiers de randonnée ! »